L’ingénieur Albert Gisclard a déjà mis au point un système de pont suspendu donnant toute satisfaction sur une ligne de Cerdagne et cette option technique est retenue aux lieu-dit les « Roches Noires ». Le malheureux ayant péri sur un chantier, la société ARNAUDIN va se charger de la construction et vont s’en suivre, entre 1911 et 1913, de prodigieux travaux dans un site a priori parfaitement inaccessible.
Entre percement d’un tunnel de 140 m dans le granit, approvisionnement des matériaux, édification des piles à 124 m au-dessus du vide, lancement des 158 m du tablier dominant la rivière de 92 m et pose de l’entrelacs de câbles métalliques, les hommes accomplissent des miracles et l’inauguration officielle a lieu en grandes pompes le 11 septembre 1913.
La grande histoire retiendra le Président Raymond Poincaré et son épouse gagnant le viaduc en train, la petite histoire un menu absolument pantagruélique au déjeuner et un objet singulier : une chaise d’aisance spécialement construite pour Mme Poincaré et aujourd’hui précieusement conservée à Lapleau …
Durant plusieurs années, ce viaduc a permis de désenclaver ce territoire avec un fort développement économique et près de 70 000 passagers transportés chaque année. Avec le développement de l'automobile, la ligne du Transcorrézien ferme en 1959 et le viaduc sera transformé en pont routier jusqu'en 1982 avant de devenir piéton puis fermé au public en 2005 pour des raisons de sécurité, le viaduc est classé Monument historique et labellisé patrimoine du 20ème siècle depuis 2000.
En plus de sa rareté architecturale, il offre un point de vue absolument somptueux sur la vallée de la Luzège. Il a été rendu aux promeneurs après deux ans de travaux et dix-neuf ans après la fermeture de son accès. Ce type de viaduc, il n’en reste que cinq au monde. Il était unique en 1915. Il s’agit d’un patrimoine secret d’une richesse insoupçonnée à découvrir.
NB : 3 circuits de randonnée ont été aménagés avec notamment un passage sur la passerelle himalayenne située en contrebas du viaduc qui permet de relier les deux rives de la Luzège.