Conférence UOV : le vitrail
15 novembre 20236 minutes
Conférence UOV : le vitrail
15 novembre 20236 minutes
Pline l'ancien raconte l'origine du verre par un "accident" survenu à des phéniciens qui ont allumé un feu avec du natron sur une plage mais cela n'est pas scientifiquement possible. Le verre a été découvert très tôt (premiers objets en pâte de verre datant des sumériens 3000 ans avant JC) et utilisé tant par les égyptiens que par les autres civilisations antiques. La fixation du verre par un réseau de plomb apparait au 9ème siècle. Le vitrail, lui, a vu son âge d'or au 12ème et 13ème siècle en occident et plus particulièrement en France.
Dans les édifices romans et musulmans, des claustras de pierre ouvragés permettaient d'éclairer chichement l'intérieur.
Le vitrail est apparu en parallèle de l'architecture gothique qui a permis d'avoir de grandes baies lumineuses dans les églises et cathédrales.
Avant cet avènement, l'art de la couleur était plutôt détenu par la peinture, (les fresques qui couvraient les murs et les berceaux dans les édifices religieux), les tapisseries aux murs des demeures et les enluminures des plus beaux manuscrits. Ensuite, les vitraux sont aussi devenus des arts de la couleur.
Noter l'exception des bâtiments cisterciens qui utilisent des vitraux sans couleur pour aider à la concentration des moines en prière.
Anecdote : Chanel aurait trouvé son logo à partir des vitraux d'Obazine
Les vitraux utilisent bien évidemment le verre mais aussi la ferronnerie et le sertissage. Le vitrail nait le jour où on réunit des pièces de verre au moyen de plomb à double rainures.
Quelques vitraux très anciens :
Le Christ de Wissembourg est un ancien vitrail de l'église Saints-Pierre-et-Paul de Wissembourg, représentant la tête du Christ. C'est le plus ancien vitrail figuratif intact du monde conservé en France, au musée de l'Œuvre Notre-Dame, d'un diamètre 25 cm, il a été créé entre 1030 et 1070.
La tête strasbourgeoise, complétée de pièces colorées modernes vers 1950, a été peinte selon la technique décrite vers 1100 par le moine Théophile dans son traité concernant la peinture sur verre. La grisaille est appliquée en trois couches d’intensité différente, l'une très claire par endroits, l'autre moins diluée pour les ombres et la troisième très sombre pour les traits. La stricte frontalité du visage et la stylisation des formes donnent au personnage une grande force d'expression primitive.
Dans la cathédrale d'Augsbourg, les cinq vitraux du mur sud de la nef sont le reste d'une série plus importante, peut-être une suite de douze prophètes et de douze apôtres. Les représentations des prophètes Jonas, Daniel, Osée, David et Moïse ont été préservées. La datation du fragment est contestée. Certains historiens de l'art relient les images à l'enluminure du livre de Hirsau dans le deuxième quart du XIIe siècle, d'autres les placent dès la fin du XIe siècle. Le cycle est considéré comme le plus ancien exemple du genre en Europe. Louis Grodecki (1910-1982), l'un des plus grands spécialistes des vitraux romans, comptait ces personnages debout parmi les plus précieux de tout le Moyen Âge. Les fenêtres mesurent environ 2,20 m de haut (voir Saint Daniel )
Le vitrail de l'Ascension, dans la cathédrale du Mans, se situe dans le bas-côté sud de la nef, c'est le plus ancien vitrail (fin XIe) encore en place dans un édifice religieux.
De la verrière originelle subsistent les deux registres centraux. On y voit la Vierge et les Apôtres assistant à la montée au ciel du Christ, aujourd'hui disparue. Le dépouillement du décor, le mouvement ascensionnel des gestes et des vêtements, l'éclat des couleurs donnent vie et modernisme à cette œuvre majeure symbole du foyer artistique manceau sous les Plantagenets.
Les plus anciens vitraux sont visibles à Saint Denis et à Chartres.
Les deux sens des vitraux, liés à la lumière : LUX et LUMEN
LUMEN : aspect matériel, technique, imparfait
Moine allemand Théophile vers 1070-1125 : beaucoup d'écrits de type manuels : Divisé en 3 livres 1 er techniques peinture et enluminure 2ème Métiers du verre Confection des vitraux 3ème travail métaux et orfèvrerie.
Première technique : verre soufflé en manchons, fendus puis étalés.
Deuxième technique : verre soufflé en plateaux (force centrifuge) : 4 à 5 mm d'épaisseur.
Obtention de la couleur par l'utilisation d'oxydes métalliques mais soumises aux hasards de la fabrication.
NB : Au 12e siècle, pour réaliser le verre bleu, les artisans-verriers employaient un fondant sodique dans lequel ils incorporaient du cobalt et auquel ils ajoutaient un opacifiant : l'antimoine ainsi que du cuivre et du fer. D'une nature très stable, le bleu ne s'altérait pas (ou très peu). Au 13e siècle, la composition du verre change : de sodique, il devient potassique. C’est de la cendre de hêtre qui est alors utilisée. Ce qui explique que nos vitraux du 13e siècle ont une teinte légèrement plus sombre.
Le verre rouge était fabriqué différemment car son colorant ne laissait que peu passer la lumière : on trempait la boule de verre en fusion appelée paraison, au moment d’être soufflée, dans un creuset ne contenant que le colorant rouge lui aussi en fusion, ce qui donnait un verre aux tons dégradés.
Le peintre se sert d’une matière noire ou brune nommée grisaille. La grisaille est une poudre d’oxyde de fer ou de cuivre à laquelle on ajoute un fondant. Elle est étendue à l’eau ou au vinaigre additionnée de gomme arabique ou d’essence grasse. Cette préparation doit avoir une consistance différente suivant les effets à obtenir. Elle se pose aussi avec divers pinceaux qui ont chacun un usage précis.
L'armature de fer permettant la tenue du vitrail est constituée de barreaux rectilignes au 12ème puis introduction d'armature arrondies au 13ème siècle (d'une largeur de 3 à 4 cm)
La découpe du verre artisanale rend chaque vitrail unique même si des bordures ou des anges (thuriféraires : porteurs d'encens ou ceroféraires : porteurs de cierges) sont dupliqués
Pour aller plus loin :
- Le vitrail : couleurs, symboles & techniques de Jacqueline et Bruno Tosi.
- Le vitrail : vocabulaire typologique et technique de Nicole Blondel et l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France.
- Création d’un vitrail extrait du site du Centre international du vitrail de Chartres.
Après les 12ème et 13ème :
14ème siècle : utilisation du jaune d'argent (à partir du chlorure ou sulfure d'argent)
1542 : galerie de Psyché à Chantilly
1843 : chapelle royale Saint Louis de Dreux
Art nouveau
Art Déco
20ème : George Rouault, Chagall, Alfred Manessier
Vitraux de Soulage à Conques
LUX : comment parler de l’immatériel, de la lumière divine résumé de l’Histoire Sainte
Récits bibliques, art narratif pour enseigner à ceux qui ne peuvent lire, conforme aux traditions existantes.
Ce sont les mêmes scènes que celles représentées dans les mosaïques, les peintures, les tapisseries, les enluminures avec les mêmes conventions : bleu pour Marie, Saint Jean-Baptiste vêtu d'une peau de bête, Saint Paul chauve et Saint Pierre barbu.
Les apôtres du Nouveau Testament sont toujours représentés au-dessus des prophètes de l'ancien testament car ils sont venus après et donc voient plus loin !
Quelques personnages non bibliques comme Charlemagne et Thomas Beckett
Beaucoup de représentation des corporations de métiers (car ce sont les donateurs) et pour la même raison de rois, évêques ou chevaliers reconnaissables par leur blason..
Curieusement, seulement 2 représentations de verriers.