Les grans amphis : Poétique de Madame de Sévigné
29 avril 20243 minutes
Les grans amphis : Poétique de Madame de Sévigné
29 avril 20243 minutes
Le conférencier, Nicolas Garroté, commence par cette citation de Boileau : "Ce que l'on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément" issue de l'Art poétique. Il souhaite ainsi mettre en opposition la langue classique, quasiment codifiée, du grand siècle et les inventions multiples de Madame de Sévigné.
Ensuite, il présente rapidement la biographie de la marquise :
Marie de Rabutin-Chantal, connue comme la marquise ou, plus simplement, Madame de Sévigné, née le 5 février 1626 à Paris à la paroisse Saint-Paul, et morte le 17 avril 1696 au château de Grignan (en Provence), est une épistolière française.
La date la plus importante de sa vie et (bien plus que son mariage en 1644) est le départ de sa fille adorée en 1669 en Provence.
A partir de cette date, elles vont s'écrire au rythme des courriers d'abord 2 fois par semaine puis 3 et ce jusqu'à sa mort.
Les lettres qu'elle écrivit à sa fille, Madame de Grignan, sont devenues un incontournable de la littérature française.
Écrites entre 1648 et 1696, les lettres de Madame de Sévigné sont d’abord destinées à un cercle privé auquel elle s’adresse avec une grande liberté de ton pour narrer ce que son esprit vif retient des frasques de la Cour de Louis XIV. Mais ses correspondants lisent et copient ses lettres qui circulent plus largement. C’est à sa fille, la Comtesse de Grignan qu’elle s’adresse le plus régulièrement, avec deux à trois lettres par semaine entre 1671 et 1696, mêlant aux sentiments intimes les nouvelles de la Cour et de la ville. Quelques lettres parurent en 1697 dans les Mémoires de son cousin Bussy-Rabutin, dix-huit autres en 1725, véritable « première édition » qui inaugurait les publications successives de centaines de lettres inédites tout au long du XVIIIe siècle.
Nicolas Garroté, agrégé en lettres modernes, a effectué sa thèse sur ses fameuses lettres et a transposé sa thèse dans un livre accessible au grand public : Poétique de Madame de Sévigné - L'invention d'une langue.
Il explique tout d'abord que Madame de Sévigné aimait sa fille de façon excessive et que cette tendresse ne pouvait pas s'exprimer par l'utilisation d'un langage convenu. "Ceux qui disent je t'aime, n'aime pas".
Dans ce livre il repère les inventions linguistiques de l'auteure :
1- l'utilisation de surnom
A l'époque, les surnoms ne s'utilisaient pas à l'écrit.
Exemple : elle appelle sa fille "ma bonne" elle renomme Madame de Lavardin, Madame de Bavardin ...
2-l'utilisation (abondante) de citations :
Madame de Sévigné est cultivée, elle connait les grands auteurs de son époque : Boileau, Molière, Racine, La Fontaine et elle truffe ses lettres de citations et de références
3- l'utilisation de proverbes et d'expressions populaires
Elle en recueille en Bretagne auprès de ses paysans mais aussi à la cour ou chaque maladresse l'amuse.
Exemple : tout seul tête à tête, il n'a pas nui, je vous demande excuse, diantre, mort de ma vie …
4- l'utilisation de l'ironie
5- l'utilisation de mots ou phrases en italien (langue que parle la mère et la fille)
Le conférencier n'a pas vraiment abordé les 2 dernières trouvailles de Madame de Sévigné.
Dans les nombreux extraits des lettres qu'il nous a lu pour illustrer son propos, on constate la richesse du style. Madame de Sévigné n'hésite pas à changer de registre dans une phrase.