L'Hôpital Laennec : près de 400 ans d'histoire

Fondé en 1634 par le cardinal de La Rochefoucauld, l’Hôpital Laennec est d’abord nommé Hospice des Incurables. Ce nom est dû aux pensionnaires qu’il accueille en nombre : dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’Hospice ne compte pas moins de 308 lits !

Lieu de convalescence de personnalités, comme la salonnière Marguerite Hessein de la Sablière, l’Hospice des Incurables est financé par d’illustres mécènes, comme la reine Anne d’Autriche. L’Hospice est aussi ouvert aux anonymes, qui côtoient les grands noms de leur temps. La chapelle de l’Hospice, située au centre du bâtiment, est d’ailleurs le théâtre d’un sermon du prédicateur Bossuet.

L’Hospice des Incurables connaît un premier tournant dans son histoire au moment de la Révolution : les sœurs de la Charités, qui soignent les malades, quittent les lieux. Elles sont suivies des hommes en 1801 et des femmes en 1869.

L’Hospice est alors fermé jusqu’en 1871, date à laquelle il est transformé en hôpital militaire : les soldats de la guerre contre la Prusse y sont soignés.

Les lieux reprennent définitivement du service en 1874 et gardent cette fonction hospitalière pendant 126 ans. L’hôpital prend le nom de René-Théophile-Hyacinthe Laennec en 1878, en hommage au médecin français éponyme, inventeur du stéthoscope. Au cours des années 1990, l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, propriétaire des lieux, ferme l’établissement pour faciliter la modernisation du groupe avec la construction de l'Hôpital Européen - Georges Pompidou. Si cette fermeture marque la fin du rôle médical de l’Hôpital Laennec, elle ne sonne pas le glas de la structure.

En effet, l’hôpital fait l'objet d'un vaste programme de réhabilitation. De conséquents travaux d'aménagement sont menés, dans les années 2010, avec le concours actif du groupe de luxe français, Kering, pour améner à une réorientation des usages du site, sans en trahir l'esprit.

L’Hôpital Laennec reprend ses lettres de noblesse : sa restauration, dans le plus grand respect de sa qualité architecturale et de son histoire, met en valeur le bâtiment, haut lieu du patrimoine parisien.

Ainsi, la chapelle, édifiée sous le règne de Louis XIII, conserve la plus vieille croix en bois et le plus ancien clocher en bois de Paris.

Les jardins, bien que plantés récemment, revêtent également un caractère patrimonial en rappellant l’ancienne fonction des lieux. La lavande, par exemple, servait à parfumer les draps des pensionnaires.

Le site accueille, depuis 2016, le siège de Kering et de la Maison Balenciaga.

Pour la huitième fois consécutive, Kering ouvre ses portes au public pour les journées du patrimoine.

La Collection Pinault participe à l’événement aux côtés de Kering depuis 2016,et présente cette année un choix inédit d’œuvres d’art contemporain pour l’espace très singulier de la chapelle de l’ancien hôpital Laennec :

• Untitled (one hundred spaces) 1995 de Rachel Whiteread : moulages en résine plus ou moins colorée du dessous de 100 chaises différentes : jeu de transparence et d'opacité

• Relatum 1969-2012 Lee Ufan : La rencontre entre la pierre massive (issue de la nature) et la fragilité du verre (industriel)

• Dialogue 2014 Lee Ufan : touche de couleur en dégradé (souvent un gris minéral) sur des toiles blanches

• Phase of Nothingness - Cloth and stone, 1970-1994 de Nobuo Sekine : équilibre entre tissu et pierres (détruites et recréées à plusieurs reprises par l'artiste)

• Tokantai, 1973 de Kishio Suga : interdépendance entre les matériaux cette œuvre a été conçue pour ce lieu précis, en tenant compte des murs existants pour les points d'appui.

Dans la Croix Est de Laennec, la Maison Balenciaga présentera quant à elle une sélection de créations de Cristóbal Balenciaga pensée par le directeur artistique de la Maison, Demna. Une occasion unique de se plonger dans l’histoire de Balenciaga et de découvrir une nouvelle facette de son univers créatif.

En particulier la méthode du mannequinage (mannequin morphologiquement identique ou proche de la cliente) est mise en évidence. De ce fait les robes présentées ne sont pas "idéales" mais "réelles" et d'ailleurs ont été portées !

Enfin, pour la première fois cette année, les visiteurs auront accès à un parcours immersif retraçant l’histoire et l’identité de Kering depuis sa création.

L'abécédaire en cubes de bois, original, permet de connaitre l'histoire et les valeurs de Kering, Ker : maison en breton et par homophonie "caring" !

Notre visite a failli tourner court au vu de la longue file d'attente à notre arrivée (estimation au moins 5 heures de queue). Cependant, grâce au pacemaker de Mamylou nous avons profité de l'accès immédiat proposé au PMR !