Découverte

13 septembre 20202 minutes

Crom boitait encore de sa dernière rencontre avec ce sanglier mauvais. Ce matin, il avait laissé partir ses compagnons de chasse avec regret. Pas question pour autant de rester avec les femmes et les vieillards ! Il partit donc avec son javelot et ses hameçons vers la rivière. Arrivé au bord de l'eau, son oeil fut attiré par quelque chose de brillant apporté par le courant et comme déposé à son intention. Un cadeau des dieux pour compenser son infirmité sans aucun doute. Il s'en empara fermement malgré une petite appréhension, mais rien ne se passa. L'objet était inerte même s'il était brillant et pouvait refléter le soleil avec tellement d'éclat, qu'un court instant, il en fut ébloui. Il expérimenta un long moment les utilisations possibles de cette réflexion lumineuse. Il effraya ainsi un gros volatile tapi dans les fourrés. Ce volatile comestible ébloui, fut facile à occire d'un coup de javelot. Tout ragaillardi, Crom reprit de plus belle l'observation de l'objet. Plat et pas plus long que la paume de sa main, il pouvait le glisser dans l'une des poches de sa tunique. Par rapport à sa taille, l'objet était lourd. Sur deux des côtés, il voyait que l'objet était finement travaillé. Après pas mal de manipulations et de grognements, Crom extirpa une espèce de vrille en métal ! Il l'essaya dans la terre, sur du bois, sur de la pierre. Il fit des trous, sauf sur la pierre où seule une égratignure apparut. Ayant compris comment il avait sorti la vrille, il extirpa les autres trucs ; une lame courte, striée d'un côté, deux lames croisées et articulées avec lesquelles il réussit à couper des feuilles de l'orme mais rien de plus dur et une autre excroissance bizarrement ouvragé auquel il ne trouva aucune utilité. Finalement, le plus intéressant restait son pouvoir éblouissant. Il le cacha dans sa poche car il ne souhaitait partager sa découverte avec personne, encore trop vexé d'avoir été laissé de côté. Il attacha l'oiseau par les pattes à son javelot et rentra triomphant au campement.

Pendant que les femmes plumaient et préparaient la cuisson, il réfléchissait à sa trouvaille. Il commençait à comprendre l'utilité de la vrille, pour enfoncer plus facilement les chevilles dans le bois par exemple et il sentait que le fait de croiser des lames pourrait aussi se révéler utile, mais pas dans cette taille ridiculement petite qu'il avait à sa disposition.

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  1. Je reste inconsolable

    10 novembre 20253 minutes

    Son désir fou était de trouver le chef d'œuvre ultime. Au fur et à mesure de ses voyages professionnels, il se fit une obligation de visiter les plus grands musées du monde. Uniquement les collections permanentes. il eut la chance d'être envoyé à Saint Petersburg (L'Hermitage), à Londres (National Gallery), au Caire et à New York mais aussi à Albi (Toulouse-Lautrec), Oslo (Munch), ou à Seattle (rien à signaler). A chaque fois il se renseignait consciencieusement sur les chefs d'œuvres patentés, estampillés et peu à peu il mit au point un système de notations complexe incluant, entre autres,  la rareté, la notoriété et la valeur pécuniaire mais cela n'était pas satisfaisant. La pierre de Rosette (British Museum) par exemple, aussi unique soit elle, n'était pas belle et d'ailleurs ce n'était même pas une œuvre d'art. Les côtes des œuvres fluctuaient beaucoup trop en fonction des modes ou des actualités. Du coup, le paramètre "ça me plait" prit une plus grande importance dans son équation. Il essaya d'ajouter l'avis de quelques amis mais il n'arrivait jamais à un consensus, bien au contraire, il faillit en perdre quelques uns au cours de discussions polémiques ! Il retira ces critères "amicaux" : les critères objectifs et sa seule subjectivité compteraient. Après un réveillon bien arrosé, il faillit se décourager et tout abandonner : ses hôtes remettaient en question son champ de classification : alors selon toi,  la musique ne comporterait aucun chef d'œuvre ? Et la littérature ? Et le cinéma ? Après une grande remise en cause de son projet, il décida, dans un premier temps, de trouver le chef d'œuvre ultime restreint aux peintures, sculptures et objets précieux. Il avait déjà noté et classé une liste impressionnante. Les variations qu'il apportait à son système de paramètres pondérés ne lui facilitait pas la tâche. Il finit par figer sa méthode après plus de quinze ans de tâtonnements. Ce fut un grand jour. Il vérifia ses milliers de références et ne retint que les cent premiers. Comme il était devenu vieux, il ne se déplaçait plus et utilisait internet pour vérifier telle  ou telle œuvre citée dans un article ou vue dans une émission et lui appliquait sa notation et l'éliminait sans regret si elle n'atteignait pas la centième place. Un jour pourtant, il découvrit au musée national de Budapest un ange en bois polychrome, moyenâgeux, de toute beauté mais même avec la note maximum dans la colonne "ça me plait", il n'atteignait que la place deux cent deux ! Il recommença alors à modifier les pondérations mais ce n'était pas si facile tellement le système était devenu sensible. Sur un essai malheureux, aucun des cent premiers n'était vraiment connu et pire aucun ne lui plaisait. Il en devenait obsédé, mangeait peu, dormait mal et tomba malade gravement ! Sur son lit de mort il déclara : " Je reste inconsolable de ne pas avoir trouvé mon chef d'œuvre préféré". Ceci dit beaucoup d'étudiants et de chercheurs dans le domaine de l'histoire de l'art se servent encore de son système de notation.

    1. Atelier
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  2. Moi slameur

    08 novembre 20252 minutes

    Moi slameur, je joue tous les jours autour des mots d'amour, partout, toujours. Moi slameur, je parais, disparais, stupéfait, dans des palais dorés, rêvés, entourés de pales haies, bordés de galets, habités de valets et de chevaliers. Moi slameur, je prends les devants, tremblant cependant devant le blanc étincelant du banc des perdants, sachant le vent violent des ouragans des gagnants ************** Je dis oui mais en dedans je suis absent. Tu gesticules dans le vestibule, tu articules à grands renforts de mandibules. Je suis parti sur les volutes de la bouilloire loin du couloir ivoire et de l'armoire noire. Au milieu des coquelicots, sur le dos, un coq lit coquettement des libelles aux libellules qui bousculent leurs ailes de tulle. Tu brises ma bulle, balance mes bagages, balaie mes bêtises, me bannis.

    1. Atelier
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  3. un voyage qui n'aura jamais lieu

    13 octobre 20252 minutes

    Les voyages sont propices aux rencontres. Des rencontres dont on se serait bien passées, comme celle de ce douanier indonésien pointilleux qui posait tant de questions dans un anglais des plus approximatifs et avait bien du mal à comprendre nos réponses hésitantes ou ce vendeur à la sauvette insistant et volubiles qui nous a suivi de notre sortie de l'hôtel jusqu'à l'entrée sur le site des pyramides sur plusieurs centaines de mètres ! Et des rencontres plus amusantes comme ce jeune homme qui m'a expliqué qu'à Seattle, l'enseigne du hard rock café était à l'envers en hommage à, Kurt Cobain qui la portait ainsi. Cet hôte si chaleureux à la Réunion qui a tenu a nous montrer les différents légumes de son jardin. La plupart de ces rencontres sont sans lendemain mais quelques unes se prolongent comme ces alsaciens rencontrés à Java qui continuent de nous envoyer des bredele tous les ans ou ce jeune couple à qui nous avons fait découvrir la Corrèze tout de même moins spectaculaire que les pentes du Népal où nous avions fait connaissance. Toutes ces rencontres les bonnes comme les mauvaises constituent l'essentiel de nos anecdotes. Quand aux autres anecdotes qu'on aime partager ou juste se souvenir, ce sont les aléas tragi-comique qui ont pu survenir. Ma fille effectuant un magnifique vol plané dans le hall d'un charmant petit hôtel écossais, une carte mal lue qui nous a égaré dans une vallée inoubliable et qui se terminait en cul de sac ! Tel rodéo canadien inattendu au lac Saint Jean où des cow-boys aguerris aux petits enfants de 3 ans, tous s'enthousiasmaient à monter qui des taureaux, qui des agneaux ! C'est à se demander si un voyage sans aucun incident ne serait pas un peu plat voire ennuyeux ! Heureusement un tel voyage n'aura jamais lieu : l'inconnu est au bout de la rue !

    1. Atelier
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  4. Grand Rallye senior de la traversée de la Grèce

    11 octobre 202512 minutes

    A ma grande surprise, mon garagiste m'a sollicité pour participer à un tout nouveau rallye organisé par le ministère du tourisme de la Grèce en partenariat avec Renault et Samsung ! La direction Renault avait sélectionné des clients fidèles attachés au modèle Clio. C'était mon cas. Comme je montrais clairement mon intérêt il me mit en contact avec les organisateurs, je reçus très rapidement un carnet de voyage et une date pour une première réunion. L’objectif : Rejoindre des balises et pour chacune d'elles prendre un cliché original, en parcourant le moins de kilomètres possible, au cœur d’une Grèce millénaire. Un seul cliché est pris en compte pour chaque balise. Le véhicule : Renault Clio V (BJA) 1.6 E-Tech 145ch full hybrid Techno. Un bivouac nomade se déplacerait assurant , un lieu de vie, de soin et de logistique pour les participants. Les étapes au nombre de six se découpaient ainsi : 1ère étape : Corfou - Janina (117 km), 2ème étape : Janina - Lamia (239 km), 3ème étape : Lamia - Delphes (90,6 km), 4ème étape : Delphes - Olympie, 5ème étape : Olympie - Corinthe (211 km) (235 km), 6ème et dernière étape : Corinthe - le Cap Sounion. Il y aurait soixante-dix équipes de 3 personnes : un pilote, un navigateur et un photographe. J'étais vraiment intéressée mais je peinais à constituer une équipe : mon mari était en déplacement à Budapest sur les dates du rallye, mes amis avaient tous et toutes tant d'occupation que personne ne pouvait (ou ne voulait) se libérer. Je pestais tant et plus et commençais à accepter l'idée que je ne participerais pas quand finalement, à ma grande surprise, mon fils et ma fille m'annoncèrent qu'ils viendraient. Leur enfants étaient assez grands et les conjoints respectifs acceptaient une semaine de "célibat". Du coup ce rallye devenait une vraie source de joie ! En plus je savais que ma fille, la plus pragmatique d'entre nous, penserait à tout, de la pharmacie aux maillots de bain, des différents chargeurs nécessaires aux horaires des musées et monuments. Petit plus non négligeable, elle savait changer une roue. Mon fils, depuis qu'il avait pris sa décision, était plongé dans Google map pour repérer la totalité des routes carrossables ou non. Il avait demandé à ChatGPT d'optimiser l'itinéraire en nombre de kilomètres pour chaque étape et avait vérifié si l'Intelligence Artificielle n'avait pas fait d'erreur (elle en avait fait quelques unes). Quand à moi je regardais toutes les photos prises des années auparavant lors de nos précédents séjour en Grèce pour essayer de repérer quelques lieux originaux et inédits. Quelle journée ! Moi qui n'aime pas attendre, j'ai l'impression de n'avoir fait que cela ! Attente à l'aéroport en France pour être enregistré en tant que groupe, attente à Corfou pour que chaque équipe récupère la voiture qui lui a été attribuée. Elles sont toutes de couleur bleues avec des stickers bien visibles et un numéro. Nous sommes l'équipe numéro sept, chiffre porte-bonheur comme chacun sait. Nous avons roulé en file indienne et au pas de l'aéroport jusqu'au terminal du ferry où l'embarquement puis le débarquement ont été très longs, heureusement dans la bonne humeur des concurrents et des grecs ravis de voir cette caravanes de clio bariolées. Et encore de l'attente dans la banlieue, sans intérêt, d'Igoumenista pour les  vérifications techniques et administratives avant le départ officiel avec discours, musique et même danses folkloriques ! A côté de toutes ces attentes successives, les cent dix sept kilomètres de l'étape ont été avalés en un peu plus d'une heure. Tout ça pour attendre à nouveau que l'on nous désigne notre tente et que l'on récupère notre cliché. Des photos j'en ai pris pas mal : la petite chapelle orthodoxe coincée entre deux pistes d'atterrissage à ras de l'eau de l'aéroport de Corfou, un détail rouillé du ferry sur le fond bleu de la mer et du ciel qui se confondent, la poussière soulevée au départ des soixante-dix voitures, une vue prise à travers le rétroviseur extérieur avec effet polarisant, le bivouac tel que nous l'avons découvert en arrivant : un océan de toiles grises. Après concertation nous avons choisi la chapelle. Une fois la voiture garée, les bagages dans la tente et la douche prise, nous déambulons et échangeons avec les autres participants. Beaucoup sont allés voir le musée d'histoire grecque de Pavlos Vrellis (un musée de cire privé) ajoutant vint ou trente kilomètres au compteur. Notre navigateur est, lui, très fier, d'avoir rallié l'étape en cent quinze kilomètres au lieu des cent dix sept indiqués sur l'itinéraire.  Il n'y a pas de petite victoire. A notre gauche, trois amis qui ont l'air de bien s'entendre, je n'ai retenu que le prénom de l'un d'entre eux, Pierre. A notre droite un trio haut en couleurs, deux femmes très (trop) élégantes et un homme Marc, joyeux, enthousiaste et bavard. Nous apprenons ainsi qu'ils sont arrivés au départ sans avoir constitué d'équipe, apparemment c'est le cas d'une dizaine de concurrents, les organisateurs les ont répartis au mieux. On verra bien, après tout pourquoi pas. A l'inverse nous avons entendu un début de polémique sur une équipe composée de deux voitures et de six participants dont un seul photographe : cela est-il oui ou non conforme au règlement ? Cela nous importe peu, nous allons nous restaurer dans la grande tente prévue à cet effet, hélas très bruyante. La cuisine est grecque et savoureuse. Lorsque nous rejoignons notre emplacement, nous croisons un homme en VTT qui nous demande où trouver les organisateurs avec un fort accent américain. Demain départ libre, du café et des gâteaux seront disponibles dès cinq heures, nous ne comptons pas être si matinaux ! Néanmoins le lendemain nous avons été réveillés par les autres équipes qui parlaient fort et démarraient bruyamment ! Donc nous avons profité du petit-déjeuner. Le café grec proposé semblait être très léger en goût et en force, heureusement j'avais amené mes sachets de thé. Nous sommes partis avant huit heures, comme c'était l'équipe logistique qui s'occupaient des tentes et du campement, nous n'avons pas eu grand chose à faire. Dès que nous avons atteint le site des Météores, nous avons privilégié la marche à pied tant pour économiser les kilomètres que pour profiter des différents points de vue. Les monastères sont quand même bien haut et leur accueil toujours amical. Nous avons pu comparer les fruits et boissons offertes à chaque fois. En haut de chacune de ces étranges pitons rocheux, nous avions des vues extraordinaires sur ce site unique et sur les monastères environnant. J'ai pris beaucoup de clichés qui doivent être classiques et quelques autres plus rares je l'espère : un chat au milieu des fleurs en pot, un moine appelant à la prière en tapant sur une planche de bois remplaçant la cloche habituelle. Nous sommes arrivés tard et fatigués au bivouac. Nous pensions bien être les derniers, mais l'équipe de Pierre est arrivé après nous et contrairement à la veille, ils se boudaient les uns les autres en échangeant des petites phrase assassines qui nous permirent de comprendre qu'une crevaison les avait retardé et avait plombé l'ambiance ! Un organisateur essayait d'apaiser l'équipe quand il fut pris à partie par une grande femme très remontée. Elle argumentait qu'un seul cliché était par trop réducteur, frustrant, injuste. L'organisateur l'entraîna rapidement vers la tente centrale et après avoir souhaité bonne nuit à nos voisins déjà rassérénés, nous dormirent d'une traite toute la nuit. Pour la troisième étape, très courte, nous avons pris notre temps. J'ai pris des clichés des sanitaires, de la tente centrale, du départ des concurrents les plus matinaux et du fameux Greg. Il avait décidé d'effectuer le rallye en VTT en suivant le même itinéraire et plus particulièrement d'une équipe nomade. J'entends par là que si Marie-Hélène, Nikos et Gérard rejoignaient bien le bivouac chaque soir, le trajet en journée n'était pas du tout le plus court mais, à ce que j'ai compris, le plus pittoresque. Ainsi, pour cette étape, ils avaient l'intention de passer par le mont Parnasse ce qui impliquait un crochet plutôt long. Visiblement la contrainte kilométrique leur importait peu. Le campement ne contenait plus qu'une seule tente quand nous partîmes, celle de Marc et ses acolytes. Nous avions appris par d'autres équipes que ces trois là avaient participé à une noce dans un village voisin et n'étaient rentrés qu'au petit matin croisant les premiers départs ! En milieu d'après-midi nous étions arrivés à Delphes noir de monde, nous avons donc décidé de rejoindre une plage isolée et de profiter d'une après-midi en bord de mer. Une fois rentrés au camp, nous avons échangé avec Pierre et ses coéquipiers redevenus les meilleurs amis du monde. Nous plaisantions sur le retard de nos autres voisins quand une mobylette crasseuse et bruyante s'arrêta et que Marc en descendit un peu pâle. Son chauffeur à peine reparti, il nous demanda anxieusement des nouvelles de ses deux compagnes. Nous n'en avions pas. Il nous raconta alors qu'il avait pris rendez-vous avec l'oracle de Delphes, conscient que c'était probablement une arnaque touristique mais curieux quand même. A la sortie de cet entretien apparemment plaisant il avait vu Gladys et Anaïs discuter avec force mouvements de tête avec deux jeunes autochtones. Il s'approchait tranquillement d'eux, plutôt satisfait des prédictions de l'oracle (qu'il ne nous révéla pas) quand les quatre montèrent dans la Clio et disparurent le laissant en plan. Bien évidemment avec son bagout et sa gentillesse, même sans parler le grec, il réussit à trouver quelqu'un pour le déposer au camp. Il avait pensé qu'il y retrouverait ses compagnes, maintenant il était inquiet ! A vrai dire les organisateurs aussi. La rumeur se répandit rapidement dans le camp, beaucoup se relayaient à la grande tente centrale pour avoir des informations. Marc était reparti avec un responsable, bilingue français/grec sur le lieu de la disparition ! Finalement le trio revint se garer avec leur Clio puis après quelques conciliabules regagnèrent la tente. Entre temps nous avions compris ce qui c'était passé : Un malentendu est très vite arrivé si vous ne savez pas qu'en Grèce, un léger mouvement de la tête signifie "oui" et un signe de tête énergique de haut en bas signifie "non". Ainsi les deux femmes avaient indiqué vigoureusement le contraire de ce qu'elles voulaient, à savoir attendre Marc ! Dans le village où les jeunes les avaient embarquées, des restes de français et de l'anglais sommaires avaient permis de résoudre les incompréhensions ! Avec toutes ces aventures, nous oubliâmes de demander quelles prédictions avait reçues Marc. Comme nous n'avions pas visité Delphes la veille, nous l'avons fait aujourd'hui et nous sommes attardé, ces ruines sont attachantes et les possibilités de vues multiples. Dans l'après-midi, nous avons rejoint le départ du ferry (toujours pour économiser les kilomètres, notre navigateur est intransigeant sur ce sujet). Hélas le dernier ferry était parti une bonne heure avant notre arrivée. Nous n'avions pas pris en compte les aléas de basse saison. Les grecs ont tendance à s'arranger avec les horaires et sont souples, ainsi le ferry que nous comptions prendre avait été supprimé sans préavis. Nous avons encore passé pas mal de temps à repérer le trajet le plus court en kilomètres et, en fait de route, nous avons emprunté des chemins caillouteux et sinueux qui longeaient la mer et ouvraient sur de magnifiques panoramas. Je pense que le cliché avec le cotre toute voile dehors sur la mer turquoise entourée de roches ocres abruptes sera celui que nous donnerons. Dans la dernière montée, périlleuse, qui devait nous permettre de retrouver la route du pont, nous avons crevé ! Aucun de nous trois se sentait de changer la roue avec une pente pareille. Alors nous avons rejoint le bitume au pas (de fait seul le conducteur était resté dans la voiture, nous nous marchions à côté). Nous avons dû changer la roue de nuit à la lueur de nos portables ! Nous avons rejoint le bivouac tout près de minuit, dans les temps mais tout juste ! Deux organisateurs ensommeillés ont noté notre arrivée, nos kilomètres et ont pris notre photo. Un repas froid nous attendait. Nous avons fait l'impasse sur la douche. Pour contrer le sort, nous nous sommes levés tôt et étions à l'ouverture du site Olympie et nous étions quasi seuls et j'ai réussi une belle photo de trois colonnes écroulées côte à côte dans une belle lumière. Nous avons enchaîné sans pause jusqu'à Corinthe où, toujours pour des raisons d'optimisation kilométrique, nous nous sommes arrêtés sans même aller jusqu'au fameux canal. Nous avons eu le temps de réviser notre voiture, nos affaires, de prendre une douche longue et chaude avant les premières arrivées. Nous avons discuté longuement avec nos voisins, le trio sympathique de gauche et Marc et ses deux acolytes à droite. Au moment où nous nous dirigions vers la tente réfectoire, nous avons rencontré Greg pitoyable son vélo cassé à la main. Il cherchait son trio associé ayant obtenu l'autorisation de la direction de course de finir le trajet dans la Clio de ses amis. Dernière journée, nous avons pris notre temps, d'autant plus que nous avions décidé de ne pas passer par Athènes. Nous avons bien profité du coucher de soleil sur le cap Sounion avec déjà un peu de nostalgie. Les organisateurs sont venus récupérer les voitures, nous donner les billets d'avion du retour et l'heure et la référence de la navette qui nous amènerait à l'aéroport. Ils nous ont aussi donné un formulaire pour leur retourner notre bilan. Le voici : Globalement mon avis est positif. Rien à redire à l'organisation ; des réunions préparatoires jusqu'au retour sur Paris, nous étions encadrés, sécurisés juste ce qu'il faut. Dans notre équipe, nous avons sans doute été trop focalisés sur la contrainte kilométrique, et comme les voitures fournies étaient des hybrides, peut-être qu'une contrainte sur la consommation de carburant aurait-elle été plus judicieuses. Nous avons bien apprécié la liberté d'organisation de chaque journée avec uniquement les deux points d'arrivée et de départ étaient imposés. J'ai entendu une équipe qui aurait aimé de n'avoir que le départ de Corfou et l'arrivée au Cap Sounion imposés (l'équipe qui a fini avec le cycliste américain), mais dans ce cas comment profiter des bivouacs, un plus logistique indispensable ! La limitation à un seul cliché en a frustré plus d'un (moi y compris) même si c'est Simone qui a manifesté le plus grand mécontentement malgré les efforts de Daniel et Eliane pour la calmer. Comme beaucoup de participants ont eu au moins une crevaison, une petite formation pour savoir changer une roue, le premier soir au bivouac serait bien utile (je pense en particulier à l'équipe qui a eu tant de mal à y arriver dans les Météores). Quand à l'aventure arrivée à Marc (abandonné par ses coéquipières sur un malentendu), il serait bon d'indiquer que les mouvements de tête d'acquiescement et de dénégation sont, chez les grecs, inversés par rapport aux nôtres.  Plusieurs équipes ont posé une réclamation officielle vis à vis de la double équipe qui ne se sont jamais quitté, ont redistribué les tentes pour éviter la mixité et n'aurait eu qu'un photographe fournissant à chaque étape deux clichés. Il serait bon de clarifier le règlement sur ce point particulier. Pour finir sur une note positive, quelle belle idée cet album souvenir vendu au profit d'une œuvre caritative ! Evidemment j'ai été touchée que mon cliché du voilier soit en couverture. Vous pouvez dès à présent m'inscrire pour la prochaine édition.

    1. Atelier
  5. Voyage et grève

    12 juillet 20252 minutes

    - Ah cette grève, quelle plaie ! Mon vol est retardé d'une heure ! - Une heure, ce n'est pas si grave, le mien de Nice à Athènes a été annulé ! On nous a acheminé en train jusqu'à Paris et maintenant, nous allons prendre Paris - Prague puis Prague - Athènes, Nous avons perdu une journée complète ! - Ah oui, c'est pire, je le reconnais. Vous connaissez Prague ? - Pas du tout, mais ce ne sera pas pour cette fois, nous n'avons que vingt minutes pour la correspondance. Nous ne connaissons pas Athènes non plus. C'est pour ça que nous y allons. Une troisième personne intervient avec assurance et une pointe de condescendance. -Moi je connais bien Prague, une fort jolie ville, riches en monuments et en rues pittoresques. Il faut aimer le baroque, évidemment. Tous les édifices sont payants, je me permets de vous conseiller le forfait touristiques de trois jours, transports illimités et principales attractions incluses. Avant que je ne puisse réponde, il enchaîna : - Je connais Athènes aussi, le musée national a été complètement refait et présente des pièces fabuleuses et uniques. Le musée de l'Acropole aussi est un incontournable. Mais ne vous contentez pas de la Grèce antique et ne négligez pas la vie nocturne. La température devient supportable et les gens sont si sympathiques. Une annonce pour le vol vers Oslo retentit et le bavard rejoignit sa porte d'embarquement. - Une véritable agence de voyage à lui tout seul. - Ceci dit ses conseils semblent judicieux, je partage son avis sur Athènes et j'ajouterai que, si vous avez le temps, prenez le bateau pour Hydra et Egine. Cette excursion prend la journée mais cela permet de découvrir deux îles grecques très différentes. - Nous en avions effectivement l'intention. Nous avons tellement hâte de voir de nos yeux ces inimitables dômes bleus des petites églises orthodoxes sur le bleu plus pâle de la mer ! L'annonce de notre vol interrompit nos échanges et, après avoir récupéré nos sacs respectifs, nous primes place dans la file d'attente de la classe économique.

    1. Atelier