Treize marches

18 septembre 20242 minutes

Publié en 2001, “Treize marches” permet d'emblée d'approcher l'univers carcéral des condamnés à mort japonais.

Grâce au personnage principal, un gardien de prison chevronné du nom de Shôji Nangô, on apprend que treize échelons doivent être validés par l'administration pénitentiaire avant chaque exécution. A chaque échelon, une signature. Toutefois le signataire n'a aucune alternative : il ne peut que signer… Plus ou moins vite

Intrinsèquement favorable au châtiment suprême, Shôji a déjà actionné à deux reprises le mécanisme funeste qui soudainement fait basculer un être humain dans l'au-delà. S'il s'est acquitté avec professionnalisme de ce travail particulièrement ingrat et stressant, l'image des deux condamnés la corde au cou hante souvent ses nuits d'insomnie.

La première partie du roman écrite avec beaucoup de sensibilité est vraiment intéressante. La seconde est plus classique. Elle prend la forme d'une course contre la montre, à l'extérieur de la prison, pour tenter d'innocenter un condamné à mort souffrant d'amnésie alors que la procédure administrative poursuit son inexorable marche ascensionnelle.

Le gardien révèle les rouages du système pénitentiaire japonais, et argumente pour ou contre la peine de mort, différentie la prison "punitive" et "réinsertionnelle". Shôji a déjà participé à deux exécutions, avec professionnalisme. Chargé d'exécuter les peines auxquelles le jugement et les décisions d'autres hommes ont abouti, est-il un criminel comme celui dont il passe la corde au cou ? Qu'est-ce que le crime ? Est-il moins coupable dans sa conscience celui qui tue légalement que celui dont il prend la vie ? Quel est le rôle de la prison, et a-t-elle les moyen de le tenir ? A-t-on vraiment payé ses dettes quand on en sort ? Que devient l'entourage des victimes et celui du condamné ? Quelles mesures pour eux ? Quelle rédemption pour les criminels ? Tanuko questionne et le lecteur s'interroge.

  1. Roman
  2. Japon

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