Mulhouse - Jour 3- Après-midi
22 mai 20254 minutes

Mulhouse - Jour 3- Après-midi
22 mai 20254 minutes
Je suis revenue au centre ville pour aller visiter le musée de l'impression sur étoffe (MISE) qui n'est ouvert que l'après-midi.
Du décor somptueux d’une tenture indienne du XVIIIe siècle au tee-shirt publicitaire, l’impression sur étoffes recouvre une vaste réalité. Sa réalisation se déroule en de nombreuses étapes et exige le concours de plusieurs intervenants : dessinateur, graveur, chimiste, imprimeur. Si les techniques ont varié au cours des siècles, la présence de ces acteurs est une constante. Décorer un tissu n’est pas un acte neutre. Aux considérations esthétiques s’ajoutent souvent des sens plus diffus et essentiels où un motif et son support prennent valeur de codes sociaux et symboliques.
La collection de ce musée a commencé à être rassemblée dès 1883 par les industriels mulhousiens.
Historique :
L’histoire de l’impression textile commence en Inde. Depuis des temps fort reculés (peut-être 2000 ans avant notre ère), des artisans indiens se transmettent de générations en générations les secrets de l’art de décorer les toiles de coton. Longs, complexes et empiriques, les processus de fabrication de ces indiennes reposent sur l’utilisation de mordants, sels métalliques qui, appliqués sur la toile ont la propriété de fixer les colorants de teinture. Cette maîtrise des procédés chimiques donne naissance à une palette de couleurs riches et brillantes, où dominent les rouges de garance et les bleus de l’indigo. Les Portugais, les premiers, ramènent en Europe ces cotonnades peintes et imprimées en Inde. Beaucoup de belles étoffes et des exemples de plantes colorantes et de procédés fixateurs.
En 1759, l’indiennage redevient libre dans le royaume de France. De multiples foyers surgissent alors un peu partout, entre cinq pôles majeurs de production : Nantes, Paris, Marseille, Lyon, Rouen. Mulhouse, cité indépendante jusqu’en 1798, pratique l’indiennage depuis 1746. L’Europe toute entière s’est alors lancée dans l’aventure. La Suisse, l’Angleterre, les Pays-Bas sont les foyers majeurs d’un marché en pleine expansion.
Seules les toiles à personnages, dont les toiles de Jouy sont les plus célèbres représentantes, ont une destination exclusive de tissu d’ameublement. Le secret de leur finesse d’exécution réside dans leur technique d’impression : la plaque de cuivre.
Au cours du XIXe siècle, la chimie des colorants révolutionne l’impression textile tout aussi radicalement que l’avènement de la machine. Produits et processus, mieux compris, s’améliorent et se diversifient. La chimie devient une science et ses applications se multiplient à partir des années 1860. La mise au point des premiers colorants de synthèse donne le départ d’une prodigieuse période de recherches et d’innovations qui se prolonge jusqu’au XXe siècle et consacre le rôle primordial de la chimie dans l’industrie de l’impression. En 1856, le chimiste anglais Perkin découvre le premier colorant de synthèse : la mauvéine; en 1902, près de 700 colorants synthétiques sont déjà disponibles.
En 1962 est mis au point le cadre rotatif. Le principe du cadre plat est adapté à un cylindre de nickel micro-perforé, alimenté en couleurs et raclé de l’intérieur. Le succès est immédiat. En une quinzaine d’années, le cadre rotatif devient la technique dominante de l’impression textile, entraînant pour la deuxième fois un complet bouleversement des savoir-faire et des structures.
Exposition temporaire : Quel chantier !
En avril 2018, ce musée subissait des vols massifs et certains fonds sont clairement en péril ! Aussi l'état met-il en demeure le musée de réaliser des travaux conservatoires pour répondre aux critères spécifiques du Code du Patrimoine. Cette mesure est exceptionnelle (c'est seulement le 3ème musée concerné) et elle permet d'entrependre en 20220 un chantier des collections : recherches, dcumentations, diagnostiques, dépoussiérage, conditionnement, prises de vues. L'Office Central de lutte contre le trafic des Biens Culturels (OCBC créé en 1975) a retrouvé, à la suite d'un long travail de vigilance sur internet une partie des foulards Hermès subtilisés au musée qui avaient été achetés sur EBay par des collectionneurs en France, en Allemagne, en Suisse, en Angleterre et aux Etats-Unis. Contactés par la police, la plupart des acheteurs acceptent de remettre les biens volés. Ils ont été restitués au musée le 18 décembre 2023 !