Saint-Malo (intra muros)
04 avril 20175 minutes
Saint-Malo (intra muros)
04 avril 20175 minutes
Visite guidée :
Rendez-vous à 10h, pour un départ à 10h30. Notre guide est visiblement malouine et fière de l’être ! Elle commence par nous donner la devise officieuse : « Malouin suis, breton peut-être, français s’il en reste », puis par nous faire remarquer que le blason malouin flotte bien au-dessus du drapeau français sur la mairie !
Elle nous explique l’origine de la ville : installation du moine Mac Low au 6ème siècle sur l’île, puis installation de l’évêque de Saint Servan qui trouve plus facile de défendre une île qu’une presqu’île !
Construction des 4 tours par les ducs de Bretagne successifs, la dernière par la reine Anne de Bretagne malgré les « grognements » des malouins, cette dernière tour s’appelle donc « qui qu’en groigne » !
Les tours comportent des meurtrières et mâchicoulis à l’extérieur comme à l’intérieur : d’un côté pour se défendre contre les ennemis (français et anglais puis seulement anglais), de l’autre pour contrôler la population réputée rebelle. Ces précautions n’ont pas suffi :
Après avoir tué le gouverneur en se faufilant par les toits des tours, Saint Malo se proclame république et reste indépendante pendant quatre ans (avant la conversion d’Henri IV), en effet pour ces catholiques convaincus pas question de se soumettre à un protestant. A ce sujet nous découvrons qu’il y aurait 7 777 saints bretons (elle ne les a pas comptés).
Le parcours commence par la maison natale de Chateaubriand (devenu un hôtel) puis nous parcourons les différentes rues au gré des anecdotes, elle nous montre la différence entre les rares bâtiments non détruits en 1944 le granit est plus foncé et, surtout, tous les angles ont été adoucis par l’érosion (à l’origine c’était le granit gris brun des îles Chausey – celui qui a aussi servi au mont Saint Michel).
Nous nous arrêtons devant une vielle porte d’armateur en bois sculpté (de haut en bas) d’un ange, du soleil, du vent puis du couple d’armateurs.
Devant la statue de Surcouf, elle explique que l’expression « en 2 coups de cuillère à pot » signifie en fait en 2 coups de sabre, le sabre ayant été appelé familièrement cuillère à pot du fait de la protection pour la main en forme de … cuillère à pot !
Tant que la ville était une île, à 22h, Nogette, cloche ramenée en 1712 de Rio de Janeiro par René Duguay-Trouin, annonçait pendant 4 minutes l’heure du couvre-feu. Les portes de la ville étaient fermées et les chiens du guet lâchés ! Ces féroces molosses avaient pour taches de veiller aux bateaux amarrés à l’extérieur des murs.
Jacques Cartier racontait ses souvenirs du Canada et les malouins en ont tiré des petites histoire naïves dont celle-ci : Au Canada, les ours vivent tellement vieux que leurs poils deviennent blancs !
Devant la piscine d’eau de mer, construite en 1936 (tiens tiens), elle accentue l’opposition entre Dinard la mondaine et Saint Malo la populaire.
Nous visitons la cathédrale (entièrement reconstruite à l’identique) : nef du 12ème et chœur du 13ème, les vitraux et le maître-autel du 21ème !
Pause déjeuner : 2 crêpes et une bolée de cidre.
Musée de la ville :
Logé dans le donjon et la tour dite la générale, ce petit musée présente peu de pièces remarquables, l’objet le plus côté est le portrait de Chateaubriand par Girodet.
Cependant des maquettes et des objets du quotidien retracent la vie des marins (terre-neuvas en particulier) et l’habitat des paysans et des marchands. Une jolie figure de proue dans la tour « Générale », un panorama extraordinaire au plus haut du donjon.
Le billet permet de visiter le tour Solidor à Saint Servan, j’irai demain matin.
La demeure corsaire : Hôtel Magon
Construit en 1725 sur le troisième élargissement de la ville, grâce à l’argent bolivien, ce bel hôtel particulier vaut le détour.
Tout d'abord, le guide explique les règles de guerre sur mer :
1- les bateaux annoncent leur allégeance en hissant leur drapeau (blanc pour la France)
2- une fois les nationalités connues, l'un des 2 tire un coup de semonce pour indiquer sa volonté d'attaquer.
3- l'autre abaisse son drapeau pour se rendre ou tire à son tour un coup de semonce
4- si combat il y a (avec abordage avec haches et sabres) celui-ci s'arrête dès que l'un des 2 drapeaux a été descendu (celui du perdant). Les règles de la guerre interdise tout combat après la prise du drapeau.
Le guide passe alors au commerce :
Le guide explique, avec le support de bustes, de cartes et de maquette de bateau, les trajets marchands (passage obligé par le sud de l’Afrique, Yemen, Chandernagor – Pondichéry étant plutôt réservé aux lorientais, Java et la Chine : 4 ans aller-retour). Au retour escale obligée à Cadix, port qui s’est tenu en dehors de toutes les guerres et qui permettait ainsi d’informer des changements géopolitiques les capitaines qui avaient été absents si longtemps.
Un autre commerce, illicite mais lucratif , l’achat d’argent dans les mines de Bolivie contre des denrées de première nécessité, l’Espagne n’approvisionnant pas ses colonies, du moins pendant 80 ans !
La plupart des malouinières étaient reliées par des souterrains permettant de déplacer les marchandises à la barbe du fisc !
La maison avait une façade publique pour le commerce et une façade privée pour la famille. Un étroit passage entre 2 murs conduit à un petit bureau entre 2 étages qui permettait de traiter les affaires délicates et secrètes ! Nous empruntons cet escalier dérobé.
Les denrées étaient stockées dans les caves, la maison Magon que nous visitons possédait 2 niveaux de caves !
Les 3 ennemis de ce stockage étaient :
- L’humidité : aération et planchers surélevés palliaient ce souci.
- Les rats : 9 000 chats répertoriés par la ville s’occupaient de ces nuisibles, il était interdit de les tuer mais tout autant de les nourrir.
- Les voleurs : les chiens du guet s’occupaient de ceux-ci !
Le propriétaire a été guillotiné à la révolution. Sa maison a été attribuée au gouverneur, ce qui a permis de sauver la rambarde d’escalier (les autres ayant été fondues). Les caves sont devenues des cellules pour femmes.
Une journée enrichissante où j’ai reçu tant d’informations que j’en ai sûrement oubliées certaines.