Suite à un accident grave de voyageur
12 mai 20132 minutes
Suite à un accident grave de voyageur
12 mai 20132 minutes
"Suite à un accident grave de voyageur" d'Eric Fottorino.
Lors du dernier atelier, Marie m'a passé ce petit livre au titre si évocateur pour tout usager des transports transiliens. Il s'agit plutôt d'un essai que d'un roman.
Ces quelques pages élargissent notre quotidien. Confronté, comme moi, comme vous sans doute, à cette petite phrase assassine, l'auteur cherche.
Il cherche l'humanité qui se cache derrière ses drames réduits à une annonce lapidaire, il cherche à comprendre les réactions et plus encore l'absence de réaction vis à vis de ces évènements banalisés.
Je ne prends plus les transports depuis des années, mais je me souviens encore de l'effroi qui me prenait quand une telle annonce tombait des haut-parleurs. Je pensais toujours quelques minutes au désespoir sous-entendu. Du haut de ma petite échelle statistique (10 trajets par semaine : 5 le matin, 5 le soir), j'avais cru détecter une fréquence plus importante le lundi matin. Je m'imaginais la personne incapable de continuer, englué dans un quotidien inacceptable, la semaine à venir lui semblait tout à coup insurmontable. Je n'ai jamais vérifié si le lundi matin était effectivement plus funeste que les autres jours. J'ai la chance d'apprécier mon travail et de partir chaque lundi sans appréhension, sans chape de plomb sur les épaules mais je pense, parfois, à ceux pour qui ce n'est pas le cas.
Zut ce livre engendre tristesse et inquiétude.
Pour finir sur une note (à peine) plus gaie, l'auteur parle de l'exposition Hopper et indique que la fameuse toile Nighthawks montre la solitude (désespérée ?) des êtres humains puis joue sur le nom de l'artiste : Hop (hope = espoir) et per (prononcé peur) et en conclut que l'espoir est suivi de la peur. Je trouve cette interprétation qui repose sur deux langues pour un même mot un peu... burlesque.