Nous étions six : Danièle, Marc, Charles, Pascale, Michèle et moi.

Mise en plume d'une dizaine de minutes :

Vous êtes invités, assis autour d'une table. Vous entendez une conversation émanant de la cuisine :

"Fade, trempe pas ton doigt, j'innove, retourne-le, bien lavés, poubelle, limace, miel, brûlé, coupe le trognon, la souris..."

Vous vous demandez bien quels plats va être servi. Racontez ce que vous pensez.

Le gigot a fait la quasi unanimité, à une dînette d'enfants près.

Voici ce que ces quelques mots m'ont inspiré :

Le jeune couple, qui nous recevait pou la première fois, s'était éclipsé en cuisine. seules, nous regardions autour de nous avec curiosité. L'environnement était résolument moderne... minimaliste. La voix de l'homme s'éleva et nous entendimes : "Ta sauce est trop fade", en même temps que la voix nerveuse de l'épouse s'exclamait : "Ne trempe pas ton doigt" et un temps plus tard "*parle moins fort". Ma sœur et moi nous nous dévisageammes en réprimant un rire. L'homme grommela qu'il fallait parfumer un peu et que le thym frais et le miel de romarin lui semblaient appropriés. La femme s'agitait, on entendait des portes de placard qui claquaient, des bruits d'eau puis "Retourne le avant de le remettre au four ou ce côté sera brûlé". A l'odeur nous avions reconnu du mouton, ou de l'agneau (ce qui s'accordait avec le miel). Pour couvrir, un peu, les conversations, je demandais à ma sœur à quoi lui faisait penser l'étrange assemblage métallique qui trônait au milieu du salon. Avant qu'elle ne puisse répondre, un cri retentit "la salade, j'ai oublié la salade. vite coupe le trognon et jette le à la poubelle, vérifie que les feuilles soient bine lavées, qu'il n'y ait pas de limace au moins !". Un peu gênée, ma sœur fit un effort pour continuer à parler avec moi et émit l'idée que c'était peut-être pour recycler des cintres. Peu convaincue, j'allai me lever, pour voir cette sculpture sous un autre angle, au moment où nos hôtes revinrent, triomphants. L'un portant un beau gigot tranché et l'autre une salade verte. "Qui veut la souris ?", demanda Marc.

Nous avons ensuite appris l'origine du jeu de l'oie :

Inventé probablement à la fin du 16eme siècle, ce jeu semble connaître un succès rapide à travers toute l'Europe : il est déposé au Registre des Libraires de Londres en 1597, imprimé en France vers 1600. Son succès serait, en partie, dû au caractère ésotérique du parcours qu'il engendre. Mais ce dernier peut tout simplement être comparé à la vie humaine avec ses aléas :

Le pont (case n°6) : symbolise le passage et ses périls. Départ de tout voyage initiatique, il représente également la fragilité de la vie commençante.

L'auberge (case n°19) : lieu de repos, plaisir et oisiveté : elle représente les séductions du monde !

Le puits (case n°31) :le puits est sacré, trait d'union entre les 3 éléments (eau, terre, air) et les 3 ordres (ciel, terre, enfer). Il symbolise un synthèse cosmique. C'est aussi l'homme lui-même.

Le labyrinthe (case n° 42) :C'est le cheminement complexe à l'intérieur de sois-même C'est aussi la reconnaissance pour ceux qui choisissent la bonne voie.

La prison (case n°52) :La prison c'est l'enfermement, le secret, la difficulté de discerner dans l'obscurité.C'est aussi le souvenir et l'espoir de la liberté.

La mort (case n°58): c'est le temps qui passe et la dernière revue mais ce n'est pas une fin car elle assure un retour à l'essentiel.

L'éternité (case n°63) : Plus de conflits, plus de luttes avec ses adversaires ou avec soi-même C'est l'harmonie.

Les multiples de 9 (cases n° 9, 18, 27, 36, 54) : cases de l'oie, achèvement d'une création ou d'un niveau de conscience supérieur.

Les autres cases (case blanches) : c'est le temps qui passe.

Nous avons commencé une partie en notant, à chaque tour, nos jets de dés, voici les miens :

1er jet : 6 -->le pont

2ème jet : 6 --> case blanche (n°12)

3ème jet : 6 --> une oie (n°18) --> case blanche (n°24)

4ème jet : 4 --> case blanche (n°28)

5ème jet : 8 --> une oie (n°36) --> case blanche (n°44)

Et maintenant il s'agit d'écrire un texte respectant les aléas du jeu. Donc en ce qui me concerne : début difficile, le temps qui passe, un achèvement, le temps qui passe, le temps qui passe, un deuxième achèvement, le temps qui passe !

Pas si facile !

Voir mon récit ici .

Prochaine séance : 21 novembre chez Michèle, animée par Pascale.