Grand Rallye senior de la traversée de la Grèce 11 octobre 2025 12 minutes A ma grande surprise, mon garagiste m'a sollicité pour participer à un tout nouveau rallye organisé par le ministère du tourisme de la Grèce en partenariat avec Renault et Samsung ! La direction Renault avait sélectionné des clients fidèles attachés au modèle Clio. C'était mon cas. Comme je montrais clairement mon intérêt il me mit en contact avec les organisateurs, je reçus très rapidement un carnet de voyage et une date pour une première réunion. L’objectif : Rejoindre des balises et pour chacune d'elles prendre un cliché original, en parcourant le moins de kilomètres possible, au cœur d’une Grèce millénaire. Un seul cliché est pris en compte pour chaque balise. Le véhicule : Renault Clio V (BJA) 1.6 E-Tech 145ch full hybrid Techno. Un bivouac nomade se déplacerait assurant , un lieu de vie, de soin et de logistique pour les participants. Les étapes au nombre de six se découpaient ainsi : 1ère étape : Corfou - Janina (117 km), 2ème étape : Janina - Lamia (239 km), 3ème étape : Lamia - Delphes (90,6 km), 4ème étape : Delphes - Olympie, 5ème étape : Olympie - Corinthe (211 km) (235 km), 6ème et dernière étape : Corinthe - le Cap Sounion. Il y aurait soixante-dix équipes de 3 personnes : un pilote, un navigateur et un photographe. J'étais vraiment intéressée mais je peinais à constituer une équipe : mon mari était en déplacement à Budapest sur les dates du rallye, mes amis avaient tous et toutes tant d'occupation que personne ne pouvait (ou ne voulait) se libérer. Je pestais tant et plus et commençais à accepter l'idée que je ne participerais pas quand finalement, à ma grande surprise, mon fils et ma fille m'annoncèrent qu'ils viendraient. Leur enfants étaient assez grands et les conjoints respectifs acceptaient une semaine de "célibat". Du coup ce rallye devenait une vraie source de joie ! En plus je savais que ma fille, la plus pragmatique d'entre nous, penserait à tout, de la pharmacie aux maillots de bain, des différents chargeurs nécessaires aux horaires des musées et monuments. Petit plus non négligeable, elle savait changer une roue. Mon fils, depuis qu'il avait pris sa décision, était plongé dans Google map pour repérer la totalité des routes carrossables ou non. Il avait demandé à ChatGPT d'optimiser l'itinéraire en nombre de kilomètres pour chaque étape et avait vérifié si l'Intelligence Artificielle n'avait pas fait d'erreur (elle en avait fait quelques unes). Quand à moi je regardais toutes les photos prises des années auparavant lors de nos précédents séjour en Grèce pour essayer de repérer quelques lieux originaux et inédits. Quelle journée ! Moi qui n'aime pas attendre, j'ai l'impression de n'avoir fait que cela ! Attente à l'aéroport en France pour être enregistré en tant que groupe, attente à Corfou pour que chaque équipe récupère la voiture qui lui a été attribuée. Elles sont toutes de couleur bleues avec des stickers bien visibles et un numéro. Nous sommes l'équipe numéro sept, chiffre porte-bonheur comme chacun sait. Nous avons roulé en file indienne et au pas de l'aéroport jusqu'au terminal du ferry où l'embarquement puis le débarquement ont été très longs, heureusement dans la bonne humeur des concurrents et des grecs ravis de voir cette caravanes de clio bariolées. Et encore de l'attente dans la banlieue, sans intérêt, d'Igoumenista pour les vérifications techniques et administratives avant le départ officiel avec discours, musique et même danses folkloriques ! A côté de toutes ces attentes successives, les cent dix sept kilomètres de l'étape ont été avalés en un peu plus d'une heure. Tout ça pour attendre à nouveau que l'on nous désigne notre tente et que l'on récupère notre cliché. Des photos j'en ai pris pas mal : la petite chapelle orthodoxe coincée entre deux pistes d'atterrissage à ras de l'eau de l'aéroport de Corfou, un détail rouillé du ferry sur le fond bleu de la mer et du ciel qui se confondent, la poussière soulevée au départ des soixante-dix voitures, une vue prise à travers le rétroviseur extérieur avec effet polarisant, le bivouac tel que nous l'avons découvert en arrivant : un océan de toiles grises. Après concertation nous avons choisi la chapelle. Une fois la voiture garée, les bagages dans la tente et la douche prise, nous déambulons et échangeons avec les autres participants. Beaucoup sont allés voir le musée d'histoire grecque de Pavlos Vrellis (un musée de cire privé) ajoutant vint ou trente kilomètres au compteur. Notre navigateur est, lui, très fier, d'avoir rallié l'étape en cent quinze kilomètres au lieu des cent dix sept indiqués sur l'itinéraire. Il n'y a pas de petite victoire. A notre gauche, trois amis qui ont l'air de bien s'entendre, je n'ai retenu que le prénom de l'un d'entre eux, Pierre. A notre droite un trio haut en couleurs, deux femmes très (trop) élégantes et un homme Marc, joyeux, enthousiaste et bavard. Nous apprenons ainsi qu'ils sont arrivés au départ sans avoir constitué d'équipe, apparemment c'est le cas d'une dizaine de concurrents, les organisateurs les ont répartis au mieux. On verra bien, après tout pourquoi pas. A l'inverse nous avons entendu un début de polémique sur une équipe composée de deux voitures et de six participants dont un seul photographe : cela est-il oui ou non conforme au règlement ? Cela nous importe peu, nous allons nous restaurer dans la grande tente prévue à cet effet, hélas très bruyante. La cuisine est grecque et savoureuse. Lorsque nous rejoignons notre emplacement, nous croisons un homme en VTT qui nous demande où trouver les organisateurs avec un fort accent américain. Demain départ libre, du café et des gâteaux seront disponibles dès cinq heures, nous ne comptons pas être si matinaux ! Néanmoins le lendemain nous avons été réveillés par les autres équipes qui parlaient fort et démarraient bruyamment ! Donc nous avons profité du petit-déjeuner. Le café grec proposé semblait être très léger en goût et en force, heureusement j'avais amené mes sachets de thé. Nous sommes partis avant huit heures, comme c'était l'équipe logistique qui s'occupaient des tentes et du campement, nous n'avons pas eu grand chose à faire. Dès que nous avons atteint le site des Météores, nous avons privilégié la marche à pied tant pour économiser les kilomètres que pour profiter des différents points de vue. Les monastères sont quand même bien haut et leur accueil toujours amical. Nous avons pu comparer les fruits et boissons offertes à chaque fois. En haut de chacune de ces étranges pitons rocheux, nous avions des vues extraordinaires sur ce site unique et sur les monastères environnant. J'ai pris beaucoup de clichés qui doivent être classiques et quelques autres plus rares je l'espère : un chat au milieu des fleurs en pot, un moine appelant à la prière en tapant sur une planche de bois remplaçant la cloche habituelle. Nous sommes arrivés tard et fatigués au bivouac. Nous pensions bien être les derniers, mais l'équipe de Pierre est arrivé après nous et contrairement à la veille, ils se boudaient les uns les autres en échangeant des petites phrase assassines qui nous permirent de comprendre qu'une crevaison les avait retardé et avait plombé l'ambiance ! Un organisateur essayait d'apaiser l'équipe quand il fut pris à partie par une grande femme très remontée. Elle argumentait qu'un seul cliché était par trop réducteur, frustrant, injuste. L'organisateur l'entraîna rapidement vers la tente centrale et après avoir souhaité bonne nuit à nos voisins déjà rassérénés, nous dormirent d'une traite toute la nuit. Pour la troisième étape, très courte, nous avons pris notre temps. J'ai pris des clichés des sanitaires, de la tente centrale, du départ des concurrents les plus matinaux et du fameux Greg. Il avait décidé d'effectuer le rallye en VTT en suivant le même itinéraire et plus particulièrement d'une équipe nomade. J'entends par là que si Marie-Hélène, Nikos et Gérard rejoignaient bien le bivouac chaque soir, le trajet en journée n'était pas du tout le plus court mais, à ce que j'ai compris, le plus pittoresque. Ainsi, pour cette étape, ils avaient l'intention de passer par le mont Parnasse ce qui impliquait un crochet plutôt long. Visiblement la contrainte kilométrique leur importait peu. Le campement ne contenait plus qu'une seule tente quand nous partîmes, celle de Marc et ses acolytes. Nous avions appris par d'autres équipes que ces trois là avaient participé à une noce dans un village voisin et n'étaient rentrés qu'au petit matin croisant les premiers départs ! En milieu d'après-midi nous étions arrivés à Delphes noir de monde, nous avons donc décidé de rejoindre une plage isolée et de profiter d'une après-midi en bord de mer. Une fois rentrés au camp, nous avons échangé avec Pierre et ses coéquipiers redevenus les meilleurs amis du monde. Nous plaisantions sur le retard de nos autres voisins quand une mobylette crasseuse et bruyante s'arrêta et que Marc en descendit un peu pâle. Son chauffeur à peine reparti, il nous demanda anxieusement des nouvelles de ses deux compagnes. Nous n'en avions pas. Il nous raconta alors qu'il avait pris rendez-vous avec l'oracle de Delphes, conscient que c'était probablement une arnaque touristique mais curieux quand même. A la sortie de cet entretien apparemment plaisant il avait vu Gladys et Anaïs discuter avec force mouvements de tête avec deux jeunes autochtones. Il s'approchait tranquillement d'eux, plutôt satisfait des prédictions de l'oracle (qu'il ne nous révéla pas) quand les quatre montèrent dans la Clio et disparurent le laissant en plan. Bien évidemment avec son bagout et sa gentillesse, même sans parler le grec, il réussit à trouver quelqu'un pour le déposer au camp. Il avait pensé qu'il y retrouverait ses compagnes, maintenant il était inquiet ! A vrai dire les organisateurs aussi. La rumeur se répandit rapidement dans le camp, beaucoup se relayaient à la grande tente centrale pour avoir des informations. Marc était reparti avec un responsable, bilingue français/grec sur le lieu de la disparition ! Finalement le trio revint se garer avec leur Clio puis après quelques conciliabules regagnèrent la tente. Entre temps nous avions compris ce qui c'était passé : Un malentendu est très vite arrivé si vous ne savez pas qu'en Grèce, un léger mouvement de la tête signifie "oui" et un signe de tête énergique de haut en bas signifie "non". Ainsi les deux femmes avaient indiqué vigoureusement le contraire de ce qu'elles voulaient, à savoir attendre Marc ! Dans le village où les jeunes les avaient embarquées, des restes de français et de l'anglais sommaires avaient permis de résoudre les incompréhensions ! Avec toutes ces aventures, nous oubliâmes de demander quelles prédictions avait reçues Marc. Comme nous n'avions pas visité Delphes la veille, nous l'avons fait aujourd'hui et nous sommes attardé, ces ruines sont attachantes et les possibilités de vues multiples. Dans l'après-midi, nous avons rejoint le départ du ferry (toujours pour économiser les kilomètres, notre navigateur est intransigeant sur ce sujet). Hélas le dernier ferry était parti une bonne heure avant notre arrivée. Nous n'avions pas pris en compte les aléas de basse saison. Les grecs ont tendance à s'arranger avec les horaires et sont souples, ainsi le ferry que nous comptions prendre avait été supprimé sans préavis. Nous avons encore passé pas mal de temps à repérer le trajet le plus court en kilomètres et, en fait de route, nous avons emprunté des chemins caillouteux et sinueux qui longeaient la mer et ouvraient sur de magnifiques panoramas. Je pense que le cliché avec le cotre toute voile dehors sur la mer turquoise entourée de roches ocres abruptes sera celui que nous donnerons. Dans la dernière montée, périlleuse, qui devait nous permettre de retrouver la route du pont, nous avons crevé ! Aucun de nous trois se sentait de changer la roue avec une pente pareille. Alors nous avons rejoint le bitume au pas (de fait seul le conducteur était resté dans la voiture, nous nous marchions à côté). Nous avons dû changer la roue de nuit à la lueur de nos portables ! Nous avons rejoint le bivouac tout près de minuit, dans les temps mais tout juste ! Deux organisateurs ensommeillés ont noté notre arrivée, nos kilomètres et ont pris notre photo. Un repas froid nous attendait. Nous avons fait l'impasse sur la douche. Pour contrer le sort, nous nous sommes levés tôt et étions à l'ouverture du site Olympie et nous étions quasi seuls et j'ai réussi une belle photo de trois colonnes écroulées côte à côte dans une belle lumière. Nous avons enchaîné sans pause jusqu'à Corinthe où, toujours pour des raisons d'optimisation kilométrique, nous nous sommes arrêtés sans même aller jusqu'au fameux canal. Nous avons eu le temps de réviser notre voiture, nos affaires, de prendre une douche longue et chaude avant les premières arrivées. Nous avons discuté longuement avec nos voisins, le trio sympathique de gauche et Marc et ses deux acolytes à droite. Au moment où nous nous dirigions vers la tente réfectoire, nous avons rencontré Greg pitoyable son vélo cassé à la main. Il cherchait son trio associé ayant obtenu l'autorisation de la direction de course de finir le trajet dans la Clio de ses amis. Dernière journée, nous avons pris notre temps, d'autant plus que nous avions décidé de ne pas passer par Athènes. Nous avons bien profité du coucher de soleil sur le cap Sounion avec déjà un peu de nostalgie. Les organisateurs sont venus récupérer les voitures, nous donner les billets d'avion du retour et l'heure et la référence de la navette qui nous amènerait à l'aéroport. Ils nous ont aussi donné un formulaire pour leur retourner notre bilan. Le voici : Globalement mon avis est positif. Rien à redire à l'organisation ; des réunions préparatoires jusqu'au retour sur Paris, nous étions encadrés, sécurisés juste ce qu'il faut. Dans notre équipe, nous avons sans doute été trop focalisés sur la contrainte kilométrique, et comme les voitures fournies étaient des hybrides, peut-être qu'une contrainte sur la consommation de carburant aurait-elle été plus judicieuses. Nous avons bien apprécié la liberté d'organisation de chaque journée avec uniquement les deux points d'arrivée et de départ étaient imposés. J'ai entendu une équipe qui aurait aimé de n'avoir que le départ de Corfou et l'arrivée au Cap Sounion imposés (l'équipe qui a fini avec le cycliste américain), mais dans ce cas comment profiter des bivouacs, un plus logistique indispensable ! La limitation à un seul cliché en a frustré plus d'un (moi y compris) même si c'est Simone qui a manifesté le plus grand mécontentement malgré les efforts de Daniel et Eliane pour la calmer. Comme beaucoup de participants ont eu au moins une crevaison, une petite formation pour savoir changer une roue, le premier soir au bivouac serait bien utile (je pense en particulier à l'équipe qui a eu tant de mal à y arriver dans les Météores). Quand à l'aventure arrivée à Marc (abandonné par ses coéquipières sur un malentendu), il serait bon d'indiquer que les mouvements de tête d'acquiescement et de dénégation sont, chez les grecs, inversés par rapport aux nôtres. Plusieurs équipes ont posé une réclamation officielle vis à vis de la double équipe qui ne se sont jamais quitté, ont redistribué les tentes pour éviter la mixité et n'aurait eu qu'un photographe fournissant à chaque étape deux clichés. Il serait bon de clarifier le règlement sur ce point particulier. Pour finir sur une note positive, quelle belle idée cet album souvenir vendu au profit d'une œuvre caritative ! Evidemment j'ai été touchée que mon cliché du voilier soit en couverture. Vous pouvez dès à présent m'inscrire pour la prochaine édition.