L'herbier

30 janvier 20113 minutes

L'odeur me semble plus fine, plus éthérée, peut-être me renvoie-t-elle inconsciemment à des souvenirs plus lointains. Je revois un grenier bien rangé où les poussières dansent dans un rayon de lumière parcimonieusement délivré par un vasistas terni. Des étagères remplies de vieux livres invitent à la découverte des prix décernés d'une si belle écriture à ma grand-mère et à ses frères et soeurs.

Ici l'ordre est important, rigoureux. D'abord les prix de l'aîné Christiane que je n'ai pas connue puis Robert, Adrienne, Fabienne, Jean et Gratienne. Je suis stupidement fière de constater que c'est ma grand-mère qui en a le plus et amusée par le petit nombre reçus par les garçons.

Je prends par curiosité le dernier attribué à Christiane. Les belles anglaises tracées à l'encre violette sont tellement tarabiscotées que l'on peine à lire la dédicace. L'année, mil neuf cent seize, évoque aussitôt la grande guerre, les uniformes rouges et bleus, la poudre et les baïonnettes, le gaz mortel. La matière récompensée allège l'ambiance : "arts ménagers". Dons j'ai une grand-tante prix d'excellence dans les arts ménagers en mil neuf cent seize. Le livre n'est pas en rapport avec le prix : c'est un roman d'un auteur inconnu.Je replace respectueusement le volume à la place qu'il occupait et je cherche avec gourmandise les prix de ma grand-mère. Je sais déjà que je n'y trouverai pas de prix de camaraderie. Ma grand-mère était brillante mais timide et solitaire. Au hasard, je tombe sur prix de sciences botaniques. Les souvenirs me submergent.

Toutes ces promenades où attentives à la végétation ma grand-mère me nommait les fleurs et arbres rencontrés avec leur famille respectives dont les sonorités emballaient mon imagination : crucifères, papilionacées... Plus tard nous avions entrepris toutes les deux un herbier dédié à la Corrèze. Le choix de l'exemplaire parfait : si possible une fleur mature, un bouton, quelques feuilles intactes et récoltées sur d'autres spécimens moins dignes d'éloges la fleur, la feuille qui collées sur la même page détailleraient les caractéristiques de l'Exemplaire : pistil, étamine, type de nervure...

Il fallait choisir l'heure : trop tôt et la rosée rendait le séchage difficile, de plus souvent les fleurs n'étaient pas épanouies. La pleine chaleur non plus n'était pas favorable, la plante se fanait avant le retour à la maison. Après la récolte, il fallait entreprendre le délicat travail de positionnement entre deux buvards, le tout écrasé sous un gros dictionnaire. Cet herbier nécessitait une grande patience : récolte du printemps à l'automne, séchage tout au long de l'année et enfin pendant l'hiver la dernière étape pleine de surprises. Telle fleur si éclatante à la cueillette était terne, à peine colorée. Telle autre avait collé au buvard et était inutilisable. Heureusement beaucoup étaient satisfaisantes. Nous prenions alors une belle feuille de papier Canson, épais, blanc et nous disposions le matériel avec soin en prenant des repères puis nous retirions les végétaux. Nous tracions alors soigneusement les lignes qui porteraient les légendes.Je n'ai pas une belle écriture mais comme je m'appliquais à tracer les lettres du nom latin suivi entre parenthèses du nom commun. Après l'écriture, nous replacions l'exemplaire si soigneusement choisi et les à-côté et les fixions d'un point de colle ou d'un tiret de scotch.

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