De mon temps...

18 octobre 20223 minutes

A passée cent ans, les journées sont courtes. Avec le temps et l'énergie qu'il me faut désormais pour les actes simples, je suis souvent fatiguée une fois habillée, lavée et ayant déjeuner, alors je somnole et repasse en revue mes souvenirs. Cent ans de souvenirs. Aujourd'hui, ma petite fille est venue pour fêter les rois avec son mari et ses enfants.

Après ce repas plus copieux que d'habitude, je sens que je somnole un peu. Soudain, coupure internet : catastrophe ! Mes arrières petits enfants râlent et rouspètent à qui mieux mieux. Ils ne savent pas quoi faire, désœuvrés ils se rappellent de mon existence.

- Mamy, comment tu faisais pour rencontrer tes amis quand il n'y avait ni internet, ni téléphone ?

-Déjà, le téléphone existait même à mon époque ! Quand les premiers appareils mobiles sont apparus, on différenciait téléphone fixe et mobile. Tiens Max, regarde en bas du placard et prends l'objet noir en bas à gauche.

Il sort avec ahurissement un bon vieux combiné à cadran et le pose avec appréhension sur la table.

- Heu, c'est un téléphone ça ? Comment on choisit le numéro que l'on veut appeler ?

- Reconnaissance vocale, lance Eve, sa sœur.

Qu'ils sont rafraichissants !

Je leur mime un appel en décrochant l'écouteur et en tournant le cadran pour chaque chiffre. Je tends le petit écouteur rond à Eve en lui annonçant :

- Fonction haut parleur de l'époque !

Ils rient et numérotent chacun leur tour en imaginant des conversations amusantes.

Une fois la nouveauté passée, ils m'interrogent à nouveau :

- Mais il n'y a pas de fonction GPS sur ton téléphone noir ! s'exclame Eve

- Et pas de prise usb pour la voiture non plus, renchérit Max.

- Alors comment vous faisiez pour aller à un endroit que vous ne connaissiez pas ?

Dans leurs yeux qui brillent, je vois bien qu'ils attendent que je sorte une autre antiquité exotique de mon placard à malices. J'hésite un instant entre une boussole et une carte routière et finalement j'opte pour cette dernière.

Je choisi une carte de la région bien détaillée et je la déplie soigneusement sur la table. Ils n'en reviennent pas de la taille de la carte une fois complètement étalée. Je leur montre la légende qui les amuse beaucoup avec ses petits dessins stylisés : trois petits points pour des ruines, un éventail proche du symbole Wi-Fi pour les points de vue et ainsi de suite. Je leur indique notre position actuelle et leur demande comment ils feraient pour rentrer chez eux.

Au début, ils suivent les routes au hasard, comme un labyrinthe pour enfants et sont ravis quand ils croisent un nom connu. Ensuite, ils réfléchissent et finalement Max dit à sa sœur qu'ils n'ont qu'à se souvenir du trajet.

- Souviens toi, quand on part d'ici, on tourne à droite puis très vite à gauche, alors ce doit être cette route jaune là, non ?

En échangeant leurs souvenirs et en suivant le tracé des routes, ils finissent par trouver l'itinéraire de chez moi à chez eux. Ils sont fiers comme s'ils avaient effectué un des douze travaux d'Hercule.

Avant qu'ils n'essaient de trouver leur école, le bip de la box retentit. Aussitôt, ils abandonnent carte, téléphone et arrière grand mère et se précipitent sur leurs consoles.

- Tu crois que la partie a été sauvegardée ? demande anxieusement Eve à son frère.

Je replie la carte avec soin pour la prochaine coupure. Je demanderai à ma petite fille de tout remettre dans le placard. Je me suis bien amusée à montrer mes vieilleries mais maintenant je suis fatiguée, je sens que je m'assoupis.

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    Dans ma famille la musique a toujours eu une place importante. Mon père jouait du violon dès son réveil. Il travaillait au grand orchestre de Prague. C'est d'ailleurs là qu'il y avait rencontré ma mère, flûtiste. Evidemment avec quatre enfants, elle ne jouait plus en orchestre mais elle découpait ses journées de façon à s'entraîner au moins une fois le matin et une fois l'après-midi. Tous les soirs, des amis, des collègues venaient à la maison et des concerts impromptus nous berçaient … ou nous réveillaient ! Tous les quatre, nous savions déchiffrer une partition avant de savoir lire. Les deux filles voulaient devenir flûtistes et, mon frère et moi, violonistes. Evidemment. Quand à la fin de la saison, le grand orchestre fermait pour un mois, nous allions de festivals en festivals, hébergés par des musiciens de rencontre ou dormant à la belle étoile. Lors de la chute du communisme, les subventions d'état s'arrêtèrent net. Mon père chercha un emploi de professeur ou d'accompagnateur. Il était même prêt à jouer dans les restaurants pour touristes mais les tziganes avaient le monopole de cette musique là. Tous les jours, il partait tôt pour chercher un engagement et rentrait tard quand il avait eu la chance de trouver quelque chose. Un soir, il ne rentra pas. Le dimanche suivant, je découvris avec horreur, le violon de mon père en vente au marché sauvage où nous cherchions à nous ravitailler et à céder nos dernières possessions : meubles, habits, partitions. Ma sœur ainée avait trouvé un petit ami allemand avec lequel elle partit en février. La semaine suivante, nous fumes expulsés. Nous trouvâmes un refuge dans une ruelle derrière l'opéra, à l'abri des courants d'air. Ma mère et ma plus jeune sœur affaiblies allaient chercher de l'aide là où elles pensaient retrouver des musiciens. Mon frère et moi avions pris de mauvaises habitudes entre mendicité et larcins et pourtant c'est nous qui arrivions à nourrir la famille ! Je n'avais pas oublié le violon de mon père et tous les dimanches, je vérifiais qu'il était encore à vendre. C'est ainsi qu'en avril, j'assistais à sa vente. Je suivis l'acheteur jusque chez lui puis je courus retrouver mon frère qui mendiait à l'entrée d'une boulangerie. Nous montâmes un plan, un cambriolage, pour récupérer le violon. La nuit venue, nous escaladâmes le mure de la propriété et je cassai la petite fenêtre des toilettes et hissai mon frère jusqu'à l'ouverture. La faim l'avait rendu assez mince pour qu'il s'y glissât. Il revint rapidement avec l'instrument et me le passa. Par contre, il était trop petit pour atteindre la fenêtre depuis l'intérieur ! Nous aurions dû y penser plus tôt. Je lui conseillai de passer par la porte d'entrée où j'allai l'attendre. J'attendis au creux d'une porte cochère toute la nuit et une grande partie de la journée. Je vis des gens sortir et rentrer mais pas de petit frère ! Je retournai à la ruelle pour expliquer la situation à ma mère et ma sœur mais elles avaient disparu ainsi que nos quelques biens (des cartons, des sacs et la flûte dont maman ne se séparait jamais). Avaient-elles été arrêtées ? Avaient-elles trouvé un autre refuge ? Du haut de mes dix ans, j'étais perdu. Je cachai le violon et retournai à la maison où je sonnai. A la fois déterminé et désespéré, je m'engouffrai dans la maison dès qu'une femme assez jeune ouvrit et appelai Jean à tue-tête. Aucune réponse et le maître de maison me sortit manu militari et me menaça de la police. Pendant plusieurs jours, je parcourus la ville à la recherche de ma famille. J'allais me renseigner aux hôpitaux, à la Croix-Rouge, au marché sauvage mais rien. J'espionnais aussi souvent que possible la maison où mon frère était entré mais rien non plus. 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    1. Atelier